Destructions le long de Suzhou Creek
Il est des moments que l'on aimerait éviter. Parcourir les nombreux lilongs en destruction depuis maintenant trois ans le long de la Riviere Suzhou et le Huangpu en font partie (Lire mon article "Goodbye old Shanghai").
Passée la stupeur à la vue des murs pantelants et des fenêtres aveugles, on se souvient d'autres images, heureuses celles-ci, de familles entières vivant il y a peu dans ces lieux (lire "Au soleil dans les lilongs" et écouter mon interview sur radio France Chine). Hier encore des enfants courraient dans ces allées étroites , célébrant la joie simple de vivre ensemble. Les vieux rapiéçaient des chaises ou épluchaient quelques légumes au soleil du matin. Partout la joie, les discussions animées autour du marché frais ou des machines d'exercices. L'après-midi, c'était mah-jong pour les uns ou une coupe de cheveux pour d'autres . Puis venait l'heure de la sortie des classes où les anciens ou parents se pressaient pour récupérer en premier leur enfant. Les devoirs, souvent faits dans l'encadrure de la porte, puis le repas du soir. Un rythme immuable, entrecoupé par les vendeurs ambulants ou réparateurs en tout genre. Bref , le Shanghai de toujours ou presque.
En comparant les photos prises il y a seulement trois ans dans ces mêmes endroits et celles s'il y a une semaine à peine, je me dis que ce passé ne reviendra plus. Une fois encore, Shanghai a changé , me laissant sonné. Cette fois surement pas pour le mieux. Les nouveaux ensembles ne s'adressent clairement pas aux mêmes couches sociales. L'une des nouvelles résidences, sur la rive nord de la Suzhou fait penser à San Francisco ou Sydney, un mode de vie international pour les nouvelles classes supérieures, qui veulent décidément ressembler au reste du monde. Les anciens habitants seront probablement relogés, mais loin du centre, désormais territoire des nouveaux riches en quête de modernité. Hélas!