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Hong Kong & Shanghai Tours

26 février 2019

Sheung Wan unveiled

Sheung Wan unveiled
Version Française Today, Hollywood Road is known for its trendy bars and boutiques. There was a time when people came to look for something else in the streets of Sheung Wan. Here is the eventful history of this neighborhood. The origins district The...
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9 février 2019

Countryside Hong Kong

Countryside Hong Kong
Version Française There was a time when some of the plains and hills of Hong Kong looked more like those of Vietnam or Yunnan than today's megacity. Let us travel back to the bygone era of water buffaloes and paddy fields. When you hike in today's Lantau...
17 janvier 2019

Hong Kong pirates

Hong Kong pirates
Version Française The history of Hong Kong has for centuries been linked to that of piracy. Indeed, the proximity of the Pearl River and trade along the coasts of southern China combined with the many bays and islands which offer natural shelters and...
24 février 2019

Les villages murés de Hong Kong

Parmi les endroits les plus surprenants de Hong Kong, les villages murés des Nouveaux Territoires offrent un contraste avec la mégapole moderne. Leur histoire remonte aux premiers clans de Hong Kong.

Histoire des Nouveaux Territoires 

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Les Nouveaux Territoires ont toujours tenu une place à part dans le développement, comme dans la culture de Hong Kong. Longtemps, cette région a été la cible d’envahisseurs, les vicissitudes forgeant le caractère des habitants et leur mode de vie particulier, notamment les nombreux villages murés encore visibles aujourd’hui. Sous la dynastie Ming, les cinq principaux clans (Tang, Man Hau, Liu et Pang) installés dans les plaines entre la Shenzhen actuelle et la Montagne du Lion font face aux razzias des pirates sur les villes et les fermes. Aussi des premières fortifications sont-elles élevées, les plus anciennes à Chik Chuen Wai, près de Shatin, datant de 1574.

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En 1662, le changement de dynastie avec l’accès au trône de l’empereur mandchou Kangxi (1654-1722) amène une nouvelle perturbation. Celui-ci craignant en effet les contre-offensives de partisans des Ming refugiés à Taiwan, décrète l’interdiction de résider dans les zones côtières, pour priver les envahisseurs de ravitaillement et de renforts. Les habitants du Nord de Hong Kong doivent donc quitter manu-militari leurs terres ancestrales pour s’installer à l’intérieur du pays dans des conditions souvent misérables. Quand il leur est enfin permis de revenir après l'annexion de Taiwan par la Chine en 1684, le premier réflexe est de renforcer les défenses des villages. Un changement ethnique intervient toutefois avec l’arrivée des Hakkas, eux-aussi habitués à fortifier leurs habitations, comme dans le Fujian (les fameux tulou) ou le Guangdong.

Wai et Uk

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La forme des bourgs fortifiés des Nouveaux Territoires remonte à cette période, avec leur tracé rectiligne autour d’une artère centrale conduisant au temple du clan. Les Puntis, comme se nomment eux-mêmes, "les gens d'ici", agrandissent alors les bâtiments existants, les halls d'étude et temples ancestraux comme dans le secteur de Yuen Long, occupé par la famille des Tang. Ces villages sont appelées “wai” en cantonnais, le caractère 圍signifiant "entouré de murs". Les villages Hakkas sont quant à eux parfois nommés Uk (屋) ou maison en cantonnais, mais sont tout aussi protégés que ceux des Puntis, souvent flanqués de tours de guêt. 

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Beaucoup de Puntis choisissent au 18ème siècle d’abandonner l’agriculture au profit du commerce. Il faut dire que les commerçants peuvent désormais profiter du "système de Canton" par lequel les prix des échanges avec les étrangers sont encadrés. C’est pour s’affranchir de cette règle, très favorable aux Chinois, que les Européens déclencheront la guerre de l’opium et envahiront Hong Kong au 19ème siècle! Quand ils prennent possession de Hong Kong, la partie située au Nord de la Montagne du Lion reste cependant dans l’empire chinois et ce n’est qu’en 1899 que le fameux bail de 99 ans est signé. Pour les clans des Nouveaux Territoires, ce nouvel ordre des choses ne va pas de soi et une révolte éclate dans les premiers mois de cette année. Après six jours d’une guerre qui fait de nombreuses victimes côté chinois, l’Union Jack flotte à Tai Po mais le gouverneur Blake doit tout de même engager des pourparlers avec les clans.  

Un voyage dans le passé 

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Jusqu’en 1966, date de percement du premier tunnel de Shatin, l’accès à cette partie de la colonie britannique n’est pas facile, car limité aux seules routes de Shatin et de Castle Peak. Aussi la partie comprise entre la montagne du Lion et la frontière est-elle bien moins urbanisée que le reste du territoire. Dans ces années, on pratique encore les rituelles escapades dominicales en voiture vers le poste frontière de Lok Ma Chau pour prendre les photos du garde rouge stationné de l’autre côté de la rivière et on en profite souvent pour visiter les villages murés de la région, témoins d’un mode de vie totalement décalé au regard de la moderne Victoria (vidéo)

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Aujourd’hui, il y a environ 80 villages murés à Hong Kong, encore habités pour leur grande majorité. Dans les mieux conservés, on trouve des poutres décorées avec des motifs traditionnels tels que paons et cerfs, symboles de bonne fortune ou encore des pêchers représentant la longévité. Encore aujourd’hui, à dix minutes d’un métro, on peut se perdre dans les rues de ces mini-forteresses, et faire un voyage de plusieurs siècles en arrière. Certes, les champs de riz alentours ont fait place à des tours et des parkings mais on trouve encore, comme à Ping Shan, des ensembles cohérents de plusieurs villages, la restauration ayant été faite par les descendants du clan Tang. Le mieux conservé des villages est sans doute Tsang Tai Uk, la bastide hakka des Tsang près de Shatin où les aménagements sont peu nombreux. Enfin, si voulez voir des remparts comparables à nos châteaux forts, c’est à Kat Hing Wai, qu’il faut vous rendre. 

Au-delà du centre-ville proprement dit, Hong Kong présente encore une grande variété de sites anciens et permet étonnament au randonneur curieux de se projeter à peu de frais dans la Chine ancestrale.

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 Références et adresses:

  • Sam Tung Uk Heritage Museum, collections et photos, Tsuen Wan
  • Walled Villages in Sha Tin, David Gilbert, randomwire.com,10/9/2012
  • Gwulo, base de données et de photos anciennes de David Bellis
  • Ping Shan heritage trail, métro Tin Shui Wai, suivre les flèches, 5 mn
  • Tsang Tai Uk, métro Shatin, chemin sous les rails vers l'Ouest, 10 mn
  • Kat Hing Wai, metro Kam Tin, suivre les flèches en sortant, 10 mn
10 février 2019

Histoire de Sheung Wan

English version

8E085C89-FA6B-4AE3-B329-4EAEAEE03996Aujourd’hui, Hollywood Road est connue pour ses bars et boutiques branchées. Il fut un temps où l'on venait chercher bien autre chose dans les rues de Sheung Wan. Voici l'histoire mouvementée de ce quartier.

Le quartier des origines

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Le nom de Sheung Wan (upper district en cantonais), donne une indication sur les origines de de ce quartier. C’est en effet à cet endroit surélevé que les Anglais ont planté leur drapeau pour prendre possession de l’île de Hong Kong le 25 janvier 1841, le pavillon étant bien visible du port de Victoria Harbour. L'extension sur laquelle se trouve le Western Market n’existait pas encore, aussi, lorsque la colonie a commencé à ce développer, c’est sur ce promontoire que se sont installés les premiers migrants. Venus pour l’essentiel de Canton pour tenter leur chance dans ce nouveau port, les nombreux pawn shops du quartier atttestent encore de l’arrivée de ces commerçants qui devaient souvent mettre en gage leurs biens contre un pécule permettant d’ouvrir leur boutique.

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Dès le début, les zones de Tai Ping Shan (montagne de la paix littéralement), et autour de Possession Street abritent des maisons de passe au rabais. Des officines se situent dans Fung Sin Lau, Wui Sin Lau ou Tsui Lok Lau, ainsi que les célèbres maisons closes Kwan Sau Tong sur Hollywood Road et Kee Fa Jai sur Possession Street, non loin du temple de Man Mo. Les conditions d’hygiène y sont alors si déplorables qu‘on décide de construire à proximité le Lock Hospital spécialisé dans les maladies vénériennes en 1861. En Septembre 1874, un typhon fait de gros dégats à Sheung Wan dont de nombreux bâtiments de mauvaise qualité s’écroulent. Un glissement de terrain engloutit Tai Ping Shan si bien que les clients d'une maison de plaisirs, dans May Heung Lau, se retrouvent pris au piège entre le vent meurtrier et la montagne de boue. Ils ne devront leur salut qu’à leur fuite in extremis enroulés dans les tapis et couvertures de l’établissement!  

La peste à Sheung Wan

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Le typhon de 1874 n’est qu’un intermède avant le véritable fléau qui va ravager Sheung Wan. En effet, la surpopulation couplée à l’arrivée fréquente de migrants du Sud de la Chine va favoriser l'éclosion d'une épidémie de peste bubonique à partir de mai 1894. Les autorités britanniques sont prises de cours par cette épidémie qui ne tarde pas à faire 24.000 victimes avec des pics de 80 décès par jour. Elles vont alors procéder à la destruction des maisons insalubres du quartier et en particulier sur Tai Ping Shan, pour circonscrire la propagation de la maladie. C’est un bactériologiste Français d’origine Suisse du nom d’Alexandre Yersin qui isolera pour la première fois à Sheung Wan le bacille de la peste, dans des conditions pour le moins surprenantes puisque les équipes officiellement mandatées du Japonais Shibasaburo Kitasatol, ne sont parvenues à aucun résultat. Alors que celles-ci disposent de réfrigérateurs, Yersin, au contraire, travaille dans une paillote non conditionnée. La chaleur ne tarde pas à produire ses effets sur les cultures de bubons et il peut enfin écrire à sa mère fin juin 1894 que ses recherches sont un succès. La peste continuera pourtant à faire des victimes jusqu'en 1929, soit près de trente ans plus tard apr`es son déclenchement!

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C’est de cette période que datent les normes de construction imposant une allée derrière chaque bâtiment, l'interdiction de bâtir plus de quatre étages et l'obligation de vérandas ouvertes pour favoriser la circulation d'air. Ces règles resteront en vigueur de 1901 à 1955. La situation a bien changé aujourd’hui quand le moindre projet comporte 30 étages! En 1913, on voit apparaître à chaque carrefour de drôles de boites numérotées, permettant d’y déposer les rats morts. Ce système permet aux services sanitaires de détecter les nouveaux foyers infectieux pour ordonner une quarantaine. De là nous est parvenue une expression cantonaise imagée: “une boîte à rat sur un lampadaire” (dindang caam gwaa lousyu soeng) qui désigne un couple mal assorti dont le monsieur serait petit, gros et probablement riche, au bras d’une dame belle et élancée.

Médecine chinoise

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Sheung Wan reste aujourd’hui marqué par cette période sombre et l’on y trouve encore de nombreux magasins vendant cercueils ou offrandes pour les défunts. C’est aussi l’un des endroits de la ville où la concentration des temples est la plus forte. La seule rue Tai Ping Shan en compte quatre avec des cultes très variés, comme au temple Shui Yuet, au numéro 7 où est célébrée la déesse de la miséricorde, dans un curieux mélange de guanyin chinoise et de bodhisattva indien. Il faut dire que la rue des Lascars, cette ethnie indienne ayant fourni des marins aux Anglais n'est pas loin! Au temple Tai Shui, situé au 9, on honore les 60 généraux célestes et au 40, c'est Kshitigarbha Buddha, le roi des morts qui est vénéré. Tout ce décorum constitue un véritable marché du trépas!

Pour éviter d'en arriver là, les Chinois ont depuis longtemps recours à une médecine préventive à base d’aliments consommés en soupes ou décoctions, chaque produit étant supposé stimuler un organe particulier. Aussi vend-on depuis bien longtemps à Sheung Wan tout ce que la pharmacopée chinoise comporte de produits exotiques. Ce sont encore une fois les Cantonais qui ont apporté cette activité (le marché de la médecine est encore présent à quelques rues de l’île de Shamian à Canton). Les premiers habitants étant désargentés, on a longtemps vendu à Sheung Wan des produits de mer locaux déshydratés bon marché (vidéo)

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Ce n’est que depuis que les revenus ont augmenté, après la seconde guerre mondiale, que les importations de bizarreries telles que corne de cerf (pour la virilité) et autres champignons noirs ont commencé en grande quantité, Sheung Wan devenant alors un hub mondial de produits séchés. Or, si un kilo de champignons noirs se négocie déjà 1.000 $HK le kilo, on trouve aussi à Sheung Wan une moisissure venue du Tibet nommée cordyceps fungus, vendue à 267.000 $HK le kilo, ce produit étant censé ralentir la progression des cellules cancéreuses. Récemment, Greenpeace a attiré l’attention sur le fait que l’on trouvait à Sheung Wan des espèces interdites à la vente et à l'exportation comme le totoaba, ce poisson du Golfe du Mexique dont le commerce des vessies séchées rapporterait  aux traffiquants plus que la cocaine! En tout, ce seraient plus d'une dizaine d'enseignes se livreraient à Sheung Wan à ce commerce illégal!

Comme beaucoup de quartiers à Hong Kong, Sheung Wan a connu des transfornations pour le meilleur et pour le pire. Cette partie de la ville reste quoi qu’il en soit l'une des plus authentiques et les plus colorées.

References:

  • Hong Kong dried seafood shops slapped with HK$110,000 fines, Jasmine Siu, SCMP, Dec 2015
  • Old Hong Kong Photos and The Tales They Tell, livre de David Bellis aux éditions Gwulo, 2017
  • Early Hong Kong Brothels, par Cheung Po Hung, Editions The University of Hong Kong, 2005
  • Hong Kong Island Coastline(港島海岸線) by 余震宇 at Chung Hwa Books Co 2014 - Chinese
  • When death came calling: how the plague swept through Hong Kong, Sarah Lazarus, SCMP 2015
  • Tai Ping Shan, Hong Kong's Enclave of Peaceful Bohemia - Zolima City Magazine, 26 March 2016

 

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24 janvier 2019

Quand Hong Kong était à la campagne

English version

Il fût un temps où certaines plaines et collines de Hong Kong, encore vierges de constructions, ressemblaient plus à celles de Vietnam ou du Yunnan qu’à celles de la mégapole que nous connaissons.

1A137FB6-6E35-4501-BB32-1911AC24EDFDEn effet, lorsque vous vous promenez à Lantau ou à Sai Kung, il n’est pas rare que vous croisiez des troupeaux de vaches circulant librement sur la route. Cette scène, surprenante au premier abord, s’explique par la présence dans ces lieux, il y a encore quelques décennies, d’animaux de trait utilisés pour cultiver les champs de riz des Nouveaux Territoires. Parmi eux, les buffles d’eau, sont attestés depuis le début du 19ème siècle. Nombreuses sont à ce titre les vieilles photos mettant en scène des paysans labourant un champ avec leur buffle ou battant le riz dans des grands paniers d’osier, que ce soit à Sha Tin ou à Yuen Long (voir aussi la vidéo en cliquant sur ce lien).

Agriculture extensive

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Jusqu’à la fin des années 1960, l’agriculture et la culture rurale tenaient encore une place importante à Hong Kong. Venus à la fin du 18ème siècle réinvestir les terres laissées en jachère par l'Empire Chinois, longtemps désireux de maintenir la zone côtière inhabitée pour des raisons militaires, les Hakkas se sont installés dans les Nouveaux Territoires. Ces paysans de tradition ont parfois bénéficié du soutien de missionnaires étrangers comme à Yim Tin TsaiDans les années 1950s, l’afflux des réfugiés chinois, pour beaucoup issus de la paysannerie, viendra compléter les population des campagnes.

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Il valait mieux en effet à l’époque avoir un lopin à cultiver loin du centre ville que de croupir dans les taudis au dessus de Wan Chai (voir l'épisode du glissement de terrain dans le film Suzie Wong) ou à Shek Kip Mei, dont le terrible incendie du 25 Décembre 1953 a laissé près de 53.000 sans abris. Parmi les réfugiés, les anciennes troupes du Kuomintang occupaient une place bien particulière puisque la sédentarisation de communautés autogérés comme celle de Rennie’s Mills, englobée aujourd’hui dans la ville nouvelle de Tseung Kwan O, permettait d'une certaine manière de limiter la contagion chinoise nationaliste en ville.

Pique-nique et lait frais

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Parmi les souvenirs souvent évoqués par les gweilos des années 1960s, figurent les promenades dominicales en famille dans les Nouveaux Territoires pour profiter de l’air frais. On allait alors faire des pique-niques ou bien déjeuner dans l'un des deux restaurants à la mode sur les hauteurs de Shatin: Yucca De Lac ou Shatin Heights Hotel, où l'on goûtait une ambiance proche de celle de la Suisse des bords du Lac Leman, la mer entrant alors profondément dans la vallée (voir la photo ci-contre).

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L’île de Hong Kong avait, elle aussi, sa face campagne puisque les pentes de Pok Fu Lam, déjà cultivées depuis plusieurs siècles, accueillaient jusqu'en 1983 des vaches dont on le lait était destiné à la consommation de la colonie (photo ci-contre). Le batiment sur Ice House Street qui abrite désormais le Foreign Correspondant Club était précisément l'entrepôt de cette entreprise, Dairy Farm, devenue entre-temps un géant mondial de l'agro-alimentaire. Sur l'île de Lantau, le monastère situé au Sud de Discovery Bay entretenait également un cheptel de vaches laitières pour les besoins des trappistes.

Que reste-t-il aujourd’hui?  

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Le temps des rizières et animaux de trait est logiquement révolu. Lors du boom industriel de la fin des années 1960s, les communautés rurales ont perdu de leur attrait, les terrains plats étant choisis en priorité pour accueillir villes nouvelles et projects industriels. L’accès aux transports devenant primordial pour se rendre dans le lieux d’emploi, les îles et secteurs reculés sont progressivement délaissés. Les propriétaires de vaches et buffles d’eau les ont tout simplement abandonné, les rendant de fait à la vie sauvage (photo ci-contre prise à Pui O).

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Il reste 120 buffles sur Hong Kong dont les deux-tiers à Lantau, leur nombre étant limité pour éviter les problèmes de cohabitation avec l'homme. Pourtant, même si les bovins ne croissent plus, les constructions ne s’arrêtent pas, menaçant cette biodiversité fruit d'une histoire unique. A Yi O, au sud de Tai O, on a récemment relancé la culture expérimentale du riz et les villages abandonnés de la baie de Sai Kung sont aujourd'hui reconvertis en attractions. Aussi, même si, à Hong Kong, préservation de la mémoire et développement économique font rarement bon ménage, l'avenir en ce domaine reste à écrire.

Références

  • Sam Tung Uk Heritage Museum, collections et photos, Tsuen Wan
  • Gwulo, base de données et de photos anciennes de David Bellis
  • Hong Kong in the 60's, groupe Facebook animé par Jonathan Ho
  • Time is running out fast for Hong Kong water buffalo, article SCMP 15/8/2015
  • Pok Fu Lam Bethanie Museum, anciennes étables et collections de photos
10 janvier 2019

Les pirates de Hong Kong

English version

DC7E244E-6B7E-41D7-98B5-58E5AD22B601L’histoire de Hong Kong est depuis des siècles liée à celle de la piraterie. En effet depuis toujours, la proximité de la Rivière des Perles et des échanges commerciaux le long des côtes du Sud de la Chine combinée aux nombreuses baies et îles constituant des abris naturels et cachettes pour les pirates, ont favorisé son essor. Son apogée est, somme toute, assez récente avec l’émergence de personnages aussi exceptionnels que hauts en couleurs, sans doute dû au fait que les présences portugaise, hollandaise puis anglaise dans la région ont encore accru les possibilités d'attaques et de saisie de cargaisons de valeur. Entre réalité et légendes, voici quelques unes des histoires des pirates de Hong Kong.

La Flotte du Drapeau Rouge

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La plus grande flotte jamais rassemblée par un pirate est sans nul doute celle de Zheng Yi (1765-1807), qui regroupait à son apogée 70000 pirates et 600 navires, grâce à un réseau d'alliances entre les pirates de la région de Hong Kong et de Canton. Cette armada, nommée "Flotte du Drapeau Rouge", étaient le plus souvent ancrée dans Junk Bay, juste à l’Est de l’actuel Victoria Harbour. Difficile aujourd'hui d'imaginer une pareille flotte alors que cette baie est en grande partie comblée par les “reclamations” de Tseung Kwan O! A la tête de son armée de pirates, Zheng Yi a joué un rôle déterminant dans la conquête du Vietnam par la Chine au début du 19ème siècle. C’est d’ailleurs dans ce pays qu’il périt, dans un typhon selon certains, assassiné selon d'autres.

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La jonque de guerre est le bateau préféré des pirates chinois. Le plus souvent de petite taille avec une ou deux voiles en nattes tressées et armature de bambou, elle est très manœuvrable. La voile en forme d’aile de papillon est quasiment indestructible, les boulets passant au travers sans en altérer la structure, du fait de la rigidité apportée par les lates. Une jonque pouvait surgir à tout moment de derrière une île, afin de couper la route à des navires de fort tonnage ou encore virer serré pour éviter un tir et faire feu de l’autre bord. Huit à douze canons garnissaient ses flancs.

La reine des pirates

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C'est une femme, Ching Shih (1775-1844, première illustration) qui finalement réussit le mieux. Ancienne prostituée de Canton réputée pour ses intrigues, elle épouse Zhen Yi en scellant une sorte de pacte où le réseau de l’une est combiné à la puissance de l’autre. A la mort du pirate, Ching Shih prend le contrôle de la flotte avec l’aide de son fils adoptif Cheung Po Tsai. Instituant un code de la piraterie par lequel tout refus d’obéissance ou rapine non approuvée est puni de mort par décapitation et rejet du corps en mer, elle contrôle la Mer de Chine, allant jusqu'à racketter le gouvernement impérial contre sa protection. En 1810, elle signe un traité par lequel elle renonce à la piraterie avec l’assurance de conserver tous les biens dérobés et obtient même un titre de noblesse. Prenant sa retraite officielle à trente-cinq ans seulement, elle continue à mener ses affaires comme patronne de bordel et de maison de jeu et meurt dans son lit à l’âge de 69 ans!

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Dans les années 1920, une autre femme s'illustre dans la piraterie, originaire de Macao et répondant au nom de Lai Choi San. Elle aurait commandé une flotte de 12 jonques et mené la double vie de pirate et de protectrice des bateaux de commerce. Ce personnage a inspiré une bande dessinée “Terry and the Pirates“ en 1934, puis un film en 1940 (vidéo) dans lequel le rôle de "Dragon Lady" est joué par Sheila Darcy (ci-dessus). La dualité du personnage est accentuée par une mise en scène où une une vamp habillée de soie à la ville devient combattante impitoyable une fois en mer. La réalité est moins glamour ainsi que montre la photo jointe de la vraie Lai Choi San entourée de ses gardes (ci-contre deuxième à droite).

Rapts et contrebande

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Le 29 janvier 1935 un incident fait grand bruit quand des pirates s’emparent du SS Tungchow et capturent 70 enfants de missionnaires anglais et leurs professeurs, tuant à l'occasion un des gardes russes chargés de la protection. Le fait de s’en prendre à des enfants choque l’opinion et on va mettre tout en branle pour récupérer les jeunes prisonniers. Ils seront localisés neuf jours plus tard à Daya Bay, un repère traditionnel de pirates. Les ravisseurs décampent au passage de l'avion de reconnaissance et les enfants seront escortés jusqu'à Hong Kong. Suite à cet événement, la chasse aux pirates sera encore intensifée. Enfin en 2000,  "Sister Ping" alias Cheng Chui Ping, est arrêtée à Hong Kong pour piraterie après s’est livrée pendant plus de vingt ans à la contrebande et au traffic de migrants chinois vers les Etats-Unis. A sa mort en 2014, des milliers de personnes suivent son cortège dans les rues de Manhattan, parlant alors d’elle comme d’un "Robin des Bois des temps modernes". Certaines légendes ont la vie dure!

Références:

  • I Sailed with Chinese Pirates, de Aleko E. Lilius, publié pour la première fois Appleton and Co, 1931
  • Terry and the Pirates, par Milton Caniff, bande dessinée hebdomadaire Chicago Tribune, Déc 1934
  • Hong Kong the Pirate Capital, article en trois volets de Ryan Kilpatrick pour le site Zolima, Oct 2017
  • The Chinese female pirate who commanded 80000 outlaws, Urvija Banerji, 6 avril 2016, Atlas Obscura
  • The Hong Kong Maritime Museum permanent collections, Victoria Harbour, Central Pier 4, Etage 1
  • Hong Kong, the Island of Thieves, and the pirates who ruled the South China Sea, Doris Wai, 2018
6 janvier 2019

A Star Ferry story

A Star Ferry story
Version Française The old Star Ferry offers a travel option favoured by over 70,000 people who cross Hong Kong Victoria Harbour every day. Yet very few people know its actual story. Before the first tunnel was built, it was the only way to cross the two...
15 décembre 2018

La saga du Star Ferry

English version

56761E05-58E8-4709-A495-15665A1DC7D0Le vieux Star Ferry de Hong Kong offre une parenthèse de calme appréciée des touristes et Hongkongais, soit plus de 70000 personnes chaque jour. Pourtant peu de gens connaissent son histoire. Avant la construction du tunnel sous Victoria Harbour, c’était le seul moyen de traverser les deux kilomètres (aujourd'hui à peine un) du "Port des Parfums" et Joseph Kessel, qui visite Hong Kong en 1955, n’est pas insensible au charme de ce bateau qui emmène les passagers arrivant de l’aéroport de Kai Tak ou résidant au Peninsula vers leurs rendez-vous sur l’Ile de Hong Kong. 

Le temps suspendu

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Joseph Kessel écrit dans son récit de voyages intitulé "Hong Kong et Macao" paru en 1957"La foule des voyageurs ruisselait des pontons d’embarquenent vers les larges bâtiments à fond plat, prenait les places sans bousculade ou désordre et tandis que le ferry déhalait, un autre accostait déjà et une autre foule voulait de ses flancs vers la terre ferme. Ces gens - qu’ils fussent Chinois de Canton, de Pékin ou de Shanghai, Malais, Indiens, Anglais - civils ou militaires - n’avaient point les faces pressées, tordues, crispées ou hagardes que l’on voit aux heures d’affluence dans les transports en commun à Paris, Londres ou New York. Un sourire aimable, une expression de détente adoucissait leurs traits. C’est que durant le trajet de Kowloon à Hong Kong le vent frais ne cessait de caresser les visages. C’est que le passage d’une rive à l’autre, s’il prenait seulement quelques minutes, était fait de grâce, de charme et de poésie". 

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Aujourd'hui encore, on prend son temps et l’on admire chacun des gestes des mariniers en tenue bleue chargés de l’accostage. L’un d'entre eux tend à l’homme sur le quai la lourde amarre râpée à l’aide d’une gaffe, puis, effectuant trois tours savants autour du taquet rond, il s'assure de l'arrêt définitif du bateau. C’est ensuite la porte devant laquelle on attend patiemment qui bascule et les passagers se jetent sur les rampes des pontons à colonnes menant au centre ville. L’enchaînement de tous ces petits moments subtils constitue un ballet immuable qui dure depuis plus d'un siècle. 

Histoire d'étoiles

0C4FCE58-533E-4DDA-AAF6-06710BBFCCF0C'est Dorabjee Nowrojee, un homme d'affaires Indien Parsi, qui crée en 1874 le service qui deviendra plus tard le fameux Star Ferry. A l’origine, il s’agit tout juste d’une barque à moteur couverte, utilisée pour transporter du pain. Notre homme possède en effet le Victoria Hotel sur Hong Kong, le Kowloon Hotel sur la péninsule ainsi qu'une boulangerie qui livre quotidiennement des deux côtés du port. Le ferry est donc pour lui une commodité et non l'objet principal de ses affaires. Rapidement, pourtant, des passagers cherchent à profiter des allers et venues. Entrepreneur avisé, il multiplie les trajets pour répondre à cette demande. Au final, ce sont les ouvriers de Kowloon Wharf, entreprise de Paul Chater (ci-contre), qui seront nombreux à traverser et Nowrojee négocie avec Chater leur prise en charge en échange de l’entretien de ses bateaux. 

8B9DA2C7-7E73-4ECC-9FF2-667D2BB9016BCet accord astucieux permettra à la compagnie de tenir face à ses concurrents à différentes époques, exposés aux baisses de fréquentation et la guerre des tarifs qui rogne leurs marges. En 1888, Nowrojee rentre en Inde et cède son affaire à Paul Chater qui la rebaptisera finalement Star Ferry en 1898. Ce nom lui est inspiré par un poème d’Alfred Lord Tennyson intitulé “Crossing the Bar”, qui commence ainsi: “Sunset and evening star, and one clear call for me!”. Depuis, on a toujours choisi de donner des noms d’étoiles aux bateaux. En 1898, le premier “double-decker” est introduit.

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Parmi les incident qui balisent l'histoire du ferry, le typhon de 1906 rendra inutilisable le terminal de Tsim Sha Tsui jusqu’à sa recontruction en 1914 mais c'est surtout pendant la Seconde Guerre Mondiale que sont endommagés ou coulés de nombreux bateaux. Les Japonais réquisitionnent aussi une partie de la flotte pour leurs besoins dont deux ferries qui conduiront les prisonniers du camp de Sham Shui Po pour travailler à l'extension de l’aéroport de Kai Tak. Après la guerre, les choses reprendront leur cours normal et c’est l’urbanisation qui modifie l'expérience du voyage en ferry, les gares étant reconstruites au fil des réclamations successives. Ainsi le dernier Blake et Mortimer montre-t-il clairement le terminal des années 1950 dont débarque le célèbre professeur, de même qu'au début du film Suzie Wong (deuxième photo et vidéo).

Grêve de la faim

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En 1966, une augmentation de 5 cents du billet pousse un étudiant à mener une grêve de la faim, son arrestation déclenchant les premières émeutes de l'histoire modrrne de Hong Kong. En effet, la population encore majoritairement pauvre ressent durement cette hausse attribuée à un gouvernement anglais corrompu. Cet incident révéle également à quel point le Star Ferry était devenu le compagnon des vies de plusieurs générations. Depuis 1972 un tunnel routier relie Kowloon et Victoria (ils seront bientôt trois) et depuis 1982, la ligne de métro de Tsuen Wan.

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Le succès du Star Ferry ne se dément pourtant pas auprès des Hongkongais qui continuent d'emprunter régulièrement les douze bateaux de la compagnie, très pratiques lorsque l’on veut éviter les interminables couloirs du métro ou encore les bouchons en taxi! L'expérience de la traversée est aujourd'hui bien différente de celle de Kessel, les embarcations de fortune ayant quitté le port depuis les années 1970, rendant certes la navigation plus aisée (les voiliers étaient prioritaires à l'époque) mais aussi moins romantique. Jugez plutôt: "Sur son chemin liquide, à droite et à gauche, filaient des canots à moteur, les yachts, les transbordeurs d'automobiles ou encore, manoeuvrés soit à l'aviron soit à la pagaye, glissaient les sampans. Et surtout, surtout, à chaque instant, sous toutes les perspectives, les jonques fleurissaient la mer."

Après 150 ans, le Star Ferry conserve sa magie et reste une formidable machine à remonter le temps qui continue de nous bercer, amenant un peu de poésie dans la dure course aux profits qui anime la ville.

Références:

  • Star Ferry, story of a Hong Kong icon, David Johnson, New Zealand Remarkable View Limited, 1998
  • Hong Kong et Macao, livre de Joseph Kessel, publié aux Editions Gallimard en 1957
  • The History of Hong Kong Yaumati Ferry Co, thèse de Master, Lingnam University, Sham Wai-chi 1997
  • The World of Suzie Wong, film réalisé par Richard Quine avec Nancy Kwan et William Holden, 1960 
  • Star Ferry, Hong Kong Street Photography workshop, clichés de  John Lehmann, Nov 8-11 2018 
  • La Vallée des Immortels - Menace sur Hong Kong,  par Yves Sente, Ed Blake et Mortimer, Nov 2018
7 décembre 2018

Hong Kong Russian heritage

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